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Deux télégrammes attendaient Lupin à son domicile de la place Clichy.

L’un de Le Ballu, envoyé d’Avignon la veille, annonçait que tout allait pour le mieux, et que l’on espérait bien être exact au rendez-vous du soir. L’autre était de Prasville, daté du Havre, et adressé à Clarisse :

« Impossible revenir demain matin lundi. Venez à mon bureau cinq heures. Compte absolument sur vous. »

— Cinq heures, dit Clarisse, comme c’est tard !

— C’est une heure excellente, affirma Lupin.

— Cependant, si…

— Si l’exécution doit avoir lieu demain matin ? c’est ce que vous voulez dire ?… N’ayez donc pas peur des mots, puisque l’exécution n’aura pas lieu.

— Les journaux…

— Les journaux, vous ne les avez pas lus, et je vous défends de les lire. Tout ce qu’ils peuvent annoncer ne signifie rien. Une seule chose importe : notre entrevue avec Prasville. D’ailleurs…

Il tira d’une armoire un petit flacon et, posant sa main sur l’épaule de Clarisse, il lui dit :

— Étendez-vous sur ce canapé, et buvez quelques gorgées de cette potion.

— Qu’est-ce que c’est ?

— De quoi vous faire dormir quelques heures… et oublier. C’est toujours cela de moins.

— Non, non, protesta Clarisse, je ne veux pas. Gilbert ne dort pas, lui… Il n’oublie pas.

— Buvez, dit Lupin, en insistant avec douceur.

Elle céda tout d’un coup, par lâcheté, par excès de souffrance et docilement s’é-