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fameux Prasville, ancien avocat, ancien sportsman, ancien explorateur, actuellement favori de l’Élysée et qui, pour des raisons mystérieuses, avait été imposé comme secrétaire général de la Préfecture.

Et brusquement Lupin se rappela : deux années auparavant, il y avait eu, place du Palais-Bourbon, un pugilat retentissant entre Prasville et le député Daubrecq. La cause, on l’ignorait. Le jour même, Prasville envoyait ses témoins. Daubrecq refusait de se battre.

Quelque temps après, Prasville était nommé secrétaire général.

— Bizarre… bizarre… se dit Lupin, qui demeura pensif, tout en observant le manège de Prasville.

À sept heures le groupe de Prasville s’éloigna un peu vers l’avenue Henri-Martin. La porte d’un petit jardin qui flanquait l’hôtel vers la droite livra passage à Daubrecq. Les deux agents lui emboîtèrent le pas, et, comme lui, prirent le tramway de la rue Taitbout.

Aussitôt Prasville traversa le square et sonna. La grille reliait l’hôtel au pavillon de la concierge. Celle-ci vint ouvrir. Il y eut un rapide conciliabule, après lequel Prasville et ses compagnons furent introduits.

— Visite domiciliaire, secrète et illégale, dit Lupin. La stricte politesse eût voulu qu’on me convoquât. Ma présence est indispensable.

Sans la moindre hésitation, il se rendit à l’hôtel, dont la porte n’était pas fermée, et, passant devant la concierge qui surveillait les alentours, il dit du ton pressé de quelqu’un que l’on attend :

— Ces messieurs sont là ?

— Oui, dans le cabinet de travail.

Son plan était simple : rencontré, il se présentait comme fournisseur. Prétexte inutile. Il put, après avoir franchi un vestibule désert, entrer dans la salle à manger où il n’y avait personne, mais d’où il aperçut par les carreaux d’une baie vitrée