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rude pour lui. Après des mois et des mois de mystère, le public apprend enfin que l’être infernal qui a combiné tout le drame des vingt-sept, et qui déshonore et qui tue, c’est lui Daubrecq. Que deviendrait-il, si, par miracle, son talisman ne le protégeait plus ? Il l’a repris. 

Il dit d’une voix qu’il tâchait d’assurer :

— Il est resté longtemps ?

— Vingt secondes peut-être.

— Comment, vingt secondes ! Pas davantage ?

— Pas davantage.

— Quelle heure était-il ?

— Dix heures.

— Pouvait-il connaître alors le suicide du marquis d’Albufex ?

— Oui. J’ai vu dans sa poche l’édition spéciale que le Paris-Midi a publiée à ce propos.

— C’est bien cela… c’est bien cela, dit Lupin.

Et il demanda encore :

M. Prasville ne vous avait pas donné d’instructions spéciales concernant le retour possible de Daubrecq ?

— Non. Aussi, en l’absence de M. Prasville, j’ai téléphoné à la Préfecture et j’attends. La disparition du député Daubrecq a fait, vous le savez, beaucoup de bruit, et notre présence ici est admissible aux yeux du public, tant que dure cette disparition. Mais puisque Daubrecq est revenu, puisque nous avons la preuve qu’il n’est ni séquestré, ni mort, pouvons-nous rester dans cette maison ?

— Qu’importe ! fit Lupin distraitement. Qu’importe que la maison soit gardée ou non ! Daubrecq est venu : donc le bouchon de cristal n’est plus là.

Il n’avait pas achevé cette phrase qu’une question s’imposa naturellement à son esprit. Si le bouchon de cristal n’était plus