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— Parce que je le sais, dit Lupin, qui n’avait pas oublié la phrase de Sébastiani.

— Mais vous ne savez pas l’objet où le bouchon est dissimulé ?

— Non. Mais une table de travail, c’est un espace restreint. En vingt minutes on l’explore. En dix minutes s’il le faut, on la démolit.

La conversation avait un peu fatigué Arsène Lupin. Comme il ne voulait commettre aucune imprudence, il dit à Clarisse :

— Écoutez, je vous demande encore deux ou trois jours. Nous sommes aujourd’hui le lundi 4 mars. Après-demain mercredi, jeudi au plus tard, je serai sur pied. Et soyez certaine que nous réussirons.

— D’ici là ?…

— D’ici là, retournez à Paris. Installez-vous avec Grognard et Le Ballu à l’hôtel Franklin, près du Trocadéro, et surveillez la maison de Daubrecq. Vous y avez vos entrées libres. Stimulez le zèle des agents.

— Si Daubrecq revient ?

— S’il revient, tant mieux, nous le tenons.

— Et s’il ne fait que passer ?

— En ce cas, Grognard et Le Ballu doivent le suivre.

— Et s’ils perdent sa trace ?

Lupin ne répondit pas. Nul ne sentait plus que lui tout ce qu’il y avait de funeste à demeurer inactif, dans une chambre d’hôtel, et combien sa présence eût été utile sur le champ de bataille ! Peut-être même cette idée confuse avait-elle prolongé son mal au-delà des limites ordinaires.

Il murmura :

— Allez-vous-en, je vous en supplie.

Il y avait entre eux une gêne qui croissait avec l’approche du jour épouvantable. Injuste, oubliant, ou voulant oublier, que c’était elle qui avait lancé son fils dans l’aventure d’Enghien, Mme Mergy n’oubliait