Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Euphrasie… » et leva la tête de nouveau.

Lupin chuchota :

— Il me faut deux ou trois heures pour scier un des barreaux. Sébastiani et ses fils vont-ils revenir ?

— Oui, sans doute, répondit Daubrecq, aussi doucement que lui, mais je pense qu’ils me laisseront.

— Mais ils couchent à côté ?

— Oui.

— Ils n’entendront pas ?

— Non, la porte est trop massive.

— Bien. En ce cas, ce ne sera pas long. J’ai une échelle de corde. Pourrez-vous monter seul, sans mon aide ?

— Je crois… J’essaierai… Ce sont mes poignets qu’ils ont brisés… Ah ! les brutes ! C’est à peine si je peux remuer les mains… et j’ai bien peu de force ! Mais tout de même, j’essaierai… il faudra bien…

Il s’interrompit, écouta, et posant un doigt sur sa bouche, murmura :

— Chut !

Lorsque Sébastiani et ses fils entrèrent, Daubrecq, qui avait dissimulé la lettre et se trouvait sur son lit, feignit de se réveiller en sursaut.

Le garde apportait une bouteille de vin, un verre et quelques provisions.

— Ça va, monsieur le député ? s’écria-t-il. Dame ! on a peut-être serré un peu fort… C’est si brutal, ce tourniquet de bois ! Ça se faisait beaucoup du temps de la grande Révolution et de Bonaparte, qu’on m’a dit… du temps où il y avait des « chauffeurs ». Une jolie invention ! Et puis propre… pas de sang… Ah ! ça n’a pas été long ! Au bout de vingt minutes, vous crachiez le mot de l’énigme.

Sébastiani éclata de rire.

— À propos, monsieur le député, toutes mes félicitations ! Excellente, la cachette. Et qui se douterait jamais ?… Voyez-vous, ce qui nous trompait, M. le marquis et moi, c’était ce nom de Marie que vous aviez d’abord lâché. Vous n’aviez pas menti. Seulement, voilà… le mot est resté en route. Il fallait le finir. Non, mais tout de même, ce que c’est drôle ! Ainsi, sur la table même de votre cabinet ? Vrai, il y a de quoi rigoler.

Le garde s’était levé et arpentait la pièce en se frottant les mains.

M. le marquis est rudement con-