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thèse. À tout prix il fallait barrer la route au marquis d’Albufex en prévenant Prasville.

Cependant Lupin restait, retenu par l’espoir tenace de quelque incident qui lui donnerait l’occasion d’agir.

La demie de minuit sonna. Puis, une heure. L’attente devenait terrible, d’autant qu’une brume glaciale montait de la vallée et que Lupin sentait le froid pénétrer en lui.

Il entendit le trot d’un cheval dans le lointain.

— Voilà Sébastiani qui rentre de la gare, pensa-t-il.

Mais le fils qui veillait dans la salle des tortures ayant vidé son paquet de tabac ouvrit la porte et demanda à ses frères s’ils n’avaient pas de quoi bourrer une dernière pipe. Sur leur réponse, il sortit pour aller jusqu’au pavillon.

Et Lupin fut stupéfait. La porte n’était pas refermée que Daubrecq, qui dormait si profondément, s’assit sur sa couche, écouta, mit un pied à terre, puis l’autre pied, et, debout, un peu vacillant, mais plus solide tout de même qu’on n’eût pu le croire, il essaya ses forces.

— Allons, se dit Lupin, le gaillard a du ressort. Il pourra très bien contribuer lui-même à son enlèvement. Un seul point me chiffonne… Se laissera-t-il convaincre ? Voudra-t-il me suivre ? Est-ce qu’il ne croira pas que ce miraculeux secours qui lui arrive par la voie des cieux est un piège du marquis ?

Mais tout à coup Lupin se rappela cette lettre qu’il avait fait écrire aux vieilles cousines de Daubrecq, cette lettre de recommandation, pour ainsi dire, que l’aînée des deux sœurs Rousselot avait signée de son prénom d’Euphrasie.