Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous organisons dans la maison du square Lamartine une surveillance minutieuse pour que d’Albufex ne puisse profiter des révélations que Daubrecq lui a faites. L’essentiel c’est que Prasville soit prévenu du danger. Il le sera.

Minuit sonnait alors à l’église d’un village voisin. Cela donnait à Lupin six ou sept heures pour mettre à exécution son nouveau plan. Il commença aussitôt.

En s’écartant de l’orifice au fond duquel s’ouvrait la fenêtre, il s’était heurté, dans un des creux de la falaise, à un massif de petits arbustes. À l’aide de son couteau, il en coupa une douzaine qu’il réduisit tous à la même dimension. Puis, sur sa corde, il préleva deux longueurs égales. Ce furent les montants de l’échelle. Entre ces montants, il assujettit les douze bâtonnets et il confectionna ainsi une échelle de corde de six mètres environ.

Quand il revint à son poste, il n’y avait plus, dans la salle des tortures, auprès du lit de Daubrecq, qu’un seul des trois fils. Il fumait sa pipe auprès de la lampe. Daubrecq dormait.

— Fichtre ! pensa Lupin, ce garçon-là va-t-il veiller toute la nuit ? En ce cas, rien à faire qu’à m’esquiver…

L’idée qu’Albufex était maître du secret le tourmentait vivement. De l’entrevue à laquelle il avait assisté, il gardait l’impression très nette que le marquis « travaillait pour son compte » et qu’il ne voulait pas seulement, en dérobant la liste, se soustraire à l’action de Daubrecq, mais aussi conquérir la puissance de Daubrecq, et rebâtir sa fortune par les moyens mêmes que Daubrecq avait employés.

Dès lors, c’eût été, pour Lupin, une nouvelle bataille à livrer à un nouvel ennemi. La marche rapide des événements ne permettait pas d’envisager une pareille hypo-