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brecq avala quelques gorgées d’eau-de-vie.

— Ça va mieux ? dit le marquis. Bah ! ce ne sera rien. Dans quelques heures, il n’y paraîtra plus, et tu pourras te vanter d’avoir subi la torture, comme au bon temps de l’Inquisition. Veinard !

Il consulta sa montre.

— Assez bavardé, Sébastiani. Que tes fils le veillent à tour de rôle. Toi, conduis-moi jusqu’à la station, pour le dernier train.

— Alors, monsieur le marquis, nous le laissons comme ça, libre de ses mouvements ?

— Pourquoi pas ? T’imagines-tu que nous allons le tenir ici jusqu’à sa mort ? Non. Daubrecq, dors tranquille. Demain après-midi, j’irai chez toi… et si le document se trouve bien à la place que tu m’as dite, aussitôt un télégramme, et on te donne la clef des champs. Tu n’as pas menti, hein ?

Il était revenu vers Daubrecq, et, de nouveau courbé sur lui :

— Pas de blagues, n’est-ce pas ? Ce serait idiot de ta part. J’y perdrais un jour, voilà tout. Tandis que toi, tu y perdrais ce qui te reste de jours à vivre. Mais non, mais non, la cachette est trop bonne. On n’invente pas ça pour s’amuser. En route, Sébastiani. Demain, tu auras le télégramme.

— Et si on ne vous laisse pas entrer dans la maison, monsieur le marquis ?

— Pourquoi donc ?

— La maison du square Lamartine est occupée par des hommes de Prasville.

— Ne t’inquiète pas, Sébastiani, j’entrerai, et si on ne m’ouvre pas la porte, la fenêtre est là. Et si la fenêtre ne s’ouvre pas, je saurai bien m’arranger avec un des hommes de Prasville. C’est une question d’argent. Et, Dieu merci ! ce n’est pas ça qui manquera, désormais. Bonne nuit, Daubrecq.