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lide, très fine, afin que je puisse l’enrouler à ma ceinture, et très longue, cinquante ou soixante mètres. Toi, Grognard, mets-toi en quête de trois ou quatre échelles que tu attacheras bout à bout.

— Hein ! qu’est-ce que vous dites, patron ? s’écrièrent les deux complices. Quoi ! vous voulez… Mais c’est de la folie.

— Une folie ? Pourquoi ? Ce qu’un autre a fait, je puis bien le faire.

— Mais il y a cent chances contre une pour que vous vous cassiez la tête.

— Tu vois bien, Le Ballu, qu’il y a une chance pour que je ne me la casse pas.

— Voyons, patron…

— Assez causé, les amis. Et rendez-vous dans une heure au bord de la rivière.

Les préparatifs furent longs. On trouva difficilement de quoi former l’échelle de quinze mètres qui pouvait atteindre le premier ressaut de la falaise, et il fallut beaucoup d’efforts et de soins pour en rejoindre les différentes parties les unes aux autres.

Enfin, un peu après neuf heures, elle fut dressée au milieu de la rivière, et calée par une barque, dont le devant était engagé entre deux barreaux et dont l’arrière s’enfonçait dans la berge.

La route qui suit le vallon étant peu fréquentée, personne ne dérangea les travaux. La nuit était obscure, le ciel lourd de nuages immobiles.

Lupin donna ses dernières recommandations à Le Ballu et à Grognard, et il dit en riant :

— On ne peut pas s’imaginer comme ça m’amuse de voir la tête de Daubrecq, pendant qu’on va le scalper et lui découper des lanières de peau. Vrai ! ça vaut le voyage.

Clarisse avait pris place également dans la barque. Il lui dit :

— À bientôt. Et surtout ne bougez pas.