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s’en rapporter absolument au sieur Nicole. Vous voyez que toutes les précautions sont prises. Je pars cette nuit.

— Nous partons, dit Clarisse.

— Vous !

— Est-ce que je peux vivre ainsi dans l’inaction, dans la fièvre !

Et elle murmura :

— Ce n’est plus les jours que je compte… les trente-huit ou quarante jours au plus qui nous restent… ce sont les heures…

Lupin sentit en elle une résolution trop violente pour qu’il essayât de la combattre. À cinq heures du matin, ils s’en allaient tous deux en automobile. Grognard les accompagnait.

Afin de ne pas éveiller les soupçons, Lupin choisit comme quartier général une grande ville. D’Amiens, où il installa Clarisse, il n’était séparé de Montmaur que par une trentaine de kilomètres.

Vers huit heures, il retrouva Le Ballu non loin de l’ancienne forteresse, connue dans la région sous le nom de Mortepierre, et, dirigé par lui, il examina les lieux.

Sur les confins de la forêt, la petite rivière du Ligier qui s’est creusé, à cet endroit, une vallée très profonde, forme une boucle que domine l’énorme falaise de Mortepierre.

— Rien à faire de ce côté, dit Lupin. La falaise est abrupte, haute de soixante ou soixante-dix mètres, et la rivière l’enserre de toutes parts.

Ils trouvèrent plus loin un pont qui aboutissait au bas d’un sentier dont les lacets les conduisirent, parmi les sapins et les chênes, jusqu’à une petite esplanade, où se dressait une porte massive, bardée de fer, hérissée de clous et flanquée de deux grosses tours.

— C’est bien là, dit Lupin, que le piqueur Sébastiani habite ?