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sédait ni châteaux, ni habitations en province.

On se retourna vers les parents et les amis intimes du marquis. Pouvait-il disposer, de ce côté, de quelque retraite sûre où emprisonner Daubrecq ?

Le résultat fut négatif.

Et les journées passaient. Et quelles journées pour Clarisse Mergy ! Chacune d’elles rapprochait Gilbert de l’échéance terrible. Chacune d’elles était une fois de moins vingt-quatre heures avant la date qu’elle avait involontairement fixée dans son esprit. Et elle disait à Lupin, que la même anxiété obsédait :

— Encore cinquante-cinq jours… Encore cinquante… Que peut-on faire en si peu de jours ? Oh ! je vous en prie… je vous en prie…

Que pouvait-on faire, en effet ? Lupin ne s’en remettant à personne du soin de surveiller le marquis, ne dormait pour ainsi dire plus. Mais le marquis avait repris sa vie régulière, et, défiant sans doute, ne se hasardait à aucune absence.

Une seule fois, il alla, dans la journée, chez le duc de Montmaur, dont l’équipage chassait le sanglier en forêt de Durlaine, et avec lequel il n’entretenait que des relations sportives.

— Il n’y a pas à supposer, dit Prasville, que le richissime duc de Montmaur, qui ne s’occupe que de ses terres et de ses chasses, et ne fait pas de politique, se prête à la séquestration, dans son château, du député Daubrecq.

Lupin fut de cet avis, mais, comme il ne voulait rien laisser au hasard, la semaine suivante, un matin, apercevant d’Albufex qui partait en tenue de cavalier, il le suivit jusqu’à la gare du Nord et prit le train pour le suivre.