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venue, la victoire complète, définitive, insolente, irrémédiable. J’ai contre moi toute la police, tout le gouvernement, toute la France, le monde entier. Qu’est-ce que tu veux que ça me fiche d’avoir contre moi par-dessus le marché, M. Arsène Lupin ? J’irai plus loin : plus mes ennemis sont nombreux et habiles, et plus cela m’oblige à jouer serré. Et c’est pourquoi, mon excellent monsieur, au lieu de vous faire arrêter, comme je l’aurais pu… oui, comme je l’aurais pu, et en toute facilité… je vous laisse le champ libre, et vous rappelle charitablement qu’avant trois minutes il faut me débarrasser le plancher.

— Donc, c’est non ?

— C’est non.

— Tu ne feras rien pour Gilbert ?

— Si, je continuerai à faire ce que je fais depuis son arrestation, c’est-à-dire à peser indirectement sur le ministre de la Justice, pour que le procès soit mené le plus activement possible, et dans le sens que je désire.

— Comment ! cria Lupin, hors de lui, c’est à cause de toi, c’est pour toi…

— C’est pour moi, Daubrecq, mon Dieu, oui. J’ai un atout, la tête du fils : je le joue. Quand j’aurai obtenu une bonne petite condamnation à mort contre Gilbert, quand les jours passeront, et que la grâce du jeune homme sera, par mes bons offices, rejetée, tu peux être sûr, monsieur Lupin, que la maman ne verra plus du tout d’objections à s’appeler Mme Alexis Daubrecq, et à me donner des gages irrécusables et immédiats de sa bonne volonté. Cette heureuse issue est fatale, que tu le veuilles ou non. C’est couru d’avance. Tout ce que je peux faire pour toi, c’est de te prendre comme témoin le jour de mon mariage, et de t’inviter au lunch. Ça te va-t-il ? Non ? Tu persistes