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— Jusqu’ici peut-être, mais plus maintenant, plus maintenant que je suis dans l’affaire. Il y a là un élément nouveau que tu négliges. C’est un tort. Gilbert est mon complice. Gilbert est mon ami. Il faut que Gilbert soit sauvé de l’échafaud. Fais cela, use de ton influence. Et je te jure, tu entends, je te jure que nous te laisserons tranquille. Le salut de Gilbert, voilà tout. Plus de luttes à soutenir contre Mme Mergy, contre moi… plus de pièges. Tu seras maître de te conduire à ta guise. Le salut de Gilbert, Daubrecq. Sinon…

— Sinon ?

— Sinon, la guerre, la guerre implacable, c’est-à-dire, pour toi, la défaite certaine.

— Ce qui signifie ?

— Ce qui signifie que je te reprendrai la liste des vingt-sept.

— Ah bah ! tu crois ?

— Je le jure.

— Ce que Prasville et toute sa clique, ce que Clarisse Mergy, ce que personne n’a pu faire, tu le feras, toi ?

— Je le ferai.

— Et pourquoi ? En l’honneur de quel saint, réussiras-tu où tout le monde a échoué ? Il y a donc une raison ?

— Oui.

— Laquelle ?

— Je m’appelle Arsène Lupin.

Il avait lâché Daubrecq, mais il le maintint quelque temps sous son regard impérieux et sous la domination de sa volonté. À la fin, Daubrecq se redressa, lui tapota l’épaule à petits coups secs, et avec le même calme, la même obstination rageuse, prononça :

— Moi, je m’appelle Daubrecq. Toute ma vie n’est qu’une bataille acharnée, une suite de catastrophes et de débâcles où j’ai dépensé tant d’énergie que la victoire est