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— Si j’envoie le secrétaire général Prasville à ma place ?

— Si tu envoies Prasville, déclara Lupin, l’endroit est disposé de telle façon que je le verrai venir et que j’aurai le temps de me sauver, non sans avoir mis le feu aux bottes de foin et de paille qui entourent et qui dissimulent tes consoles, tes pendules et tes vierges gothiques.

— Mais ton hangar sera brûlé…

— Cela m’est égal. La police le surveille déjà. En tout état de cause, je le quitte.

— Et qui m’assure que ce n’est pas un piège ?

— Commence par prendre livraison de la marchandise, et ne rends l’enfant qu’après. J’ai confiance, moi.

— Allons, dit Daubrecq, tu as tout prévu. Soit, tu auras le gosse, la belle Clarisse vivra et nous serons tous heureux. Maintenant si j’ai un conseil à te donner, c’est de déguerpir, et presto.

— Pas encore.

— Hein… ?

— J’ai dit : pas encore.

— Mais tu es fou, Prasville est en route.

— Il attendra, je n’ai pas fini.

— Comment ! comment ! Qu’est-ce qu’il te faut encore ? Clarisse aura son moutard. Ça ne te suffit pas ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Il reste un autre fils.

— Gilbert ?

— Oui.

— Eh bien ?

— Je te demande de sauver Gilbert !

— Qu’est-ce que tu dis ? Moi, sauver Gilbert !

— Tu le peux, il te suffit de quelques démarches…