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l’arrestation de Gilbert… le traité d’alliance inévitable entre la mère éplorée et le chef de la bande… la vieille nourrice installée comme cuisinière, tout ce monde entrant chez moi par les portes ou par les fenêtres… J’étais fixé. Maître Lupin reniflait autour du pot aux roses. L’odeur des vingt-sept l’attirait. Il n’y avait plus qu’à attendre sa visite. L’heure est arrivée. Bonjour, maître Lupin.

Daubrecq fit une pause. Il avait débité son discours avec la satisfaction visible d’un homme qui a le droit de prétendre à l’estime des amateurs les plus difficiles. Lupin se taisant, il tira sa montre.

— Eh ! eh ! plus que vingt-trois minutes ! Comme le temps marche ! si ça continue, on n’aura pas le loisir de s’expliquer.

Et, s’approchant encore de Lupin :

— Tout de même, ça me fait de la peine. Je croyais Lupin un autre monsieur. Alors, au premier adversaire un peu sérieux, le colosse s’effondre ? Pauvre jeune homme… Un verre d’eau pour nous remettre ?…

Lupin n’eut pas un mot, pas un geste d’agacement. Avec un flegme parfait, avec une précision de mouvements qui indiquait sa maîtrise absolue et la netteté du plan de conduite qu’il avait adopté, il écarta doucement Daubrecq, s’avança vers la table et, à son tour, saisit le cornet du téléphone.

Il demanda :

— S’il vous plaît, mademoiselle, le 565-34.

Ayant obtenu le numéro, il dit d’une voix lente, en détachant chacune des syllabes :

— Allô… Je suis rue Chateaubriand… C’est toi, Achille ?… Oui, c’est moi, le patron… Écoute-moi bien Achille… Il faut quitter l’appartement. Allô… Oui ; tout de