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dait à tout, sauf à ce dénouement. Mais quelque chose fut plus fort en lui que la surprise, un élan de toute sa nature qui lui fit dire en riant :

— Ah ! Bravo ! Bravo !

Daubrecq inclina la tête en signe de remerciement et murmura :

— Ce n’est pas fini… Un peu de patience encore, voulez-vous ?

Et il continua :

— Allo… Prasville… Quoi ?… Mais, mon vieux, ce n’est pas une fumisterie… Tu trouveras Lupin ici, en face de moi, dans mon bureau… Lupin qui me tracasse comme les autres… Oh ! un de plus, un de moins, je m’en moque. Mais, tout de même, celui-ci y met de l’indiscrétion. Et j’ai recours à ton amitié. Débarrasse-moi de cet individu, je t’en prie… Avec une demi-douzaine de tes sbires, et les deux qui font le pied de grue devant ma maison, ça suffira. Ah ! pendant que tu y seras, monte au troisième étage, tu cueilleras ma cuisinière… C’est la fameuse Victoire… Tu sais ?… La vieille nourrice du sieur Lupin. Et puis, tiens, encore un renseignement… Faut-il que je t’aime ? Envoie donc une escouade rue Chateaubriand, au coin de la rue Balzac… C’est là que demeure notre Lupin national, sous le nom de Michel Beaumont… Compris, vieux ? Et, maintenant, à la besogne. Secoue-toi…

Lorsque Daubrecq tourna la tête, Lupin se tenait debout, les poings crispés. Son élan d’admiration n’avait pas résisté à la suite du discours, et aux révélations faites par Daubrecq sur Victoire et sur le domicile de la rue Chateaubriand. L’humiliation était trop forte, et il ne songeait guère à jouer plus longtemps les médecins de petite ville. Il n’avait qu’une idée, ne pas s’abandonner à l’excès de rage formidable qui le poussait à foncer sur Daubrecq comme le taureau sur l’obstacle.

Daubrecq jeta une espèce de gloussement qui, chez lui, singeait le rire. Il avança en se dandinant, les mains aux poches de son pantalon, et scanda :