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des cas où le devoir d’un médecin est très compliqué… très obscur… et vous jugerez peut-être qu’en accomplissant auprès de vous cette démarche… Bref, voilà : Tandis que je la soignais, Mme Mergy a tenté une seconde fois de s’empoisonner… Oui, le flacon se trouvait, par malheur, à portée de sa main. Je le lui ai arraché. Il y a eu lutte entre nous. Et dans le délire de la fièvre, à mots entrecoupés, elle m’a dit :

— « C’est lui… c’est lui… Daubrecq… le député… Qu’il me rende mon fils… Dites-lui ça… Ou bien, je veux mourir… oui, tout de suite… cette nuit… je veux mourir ! »

» Voilà, monsieur le député… Alors j’ai pensé que je devais vous mettre au courant. Il est certain qu’en l’état d’exaspération où se trouve cette dame… Bien entendu, j’ignore le sens exact de ses paroles… Je n’ai interrogé personne… Je suis venu directement, sous une impulsion spontanée…

Daubrecq réfléchit assez longtemps et dit :

— Somme toute, docteur, vous êtes venu me demander si je savais où est cet enfant… que je suppose disparu, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Et au cas où je le saurais, vous le ramèneriez à sa mère ?

— Oui.

Un long silence encore. Lupin se disait :

— Est-ce que, par hasard, il goberait cette histoire-là ? La menace de cette mort suffirait-elle ? Non, voyons… ce n’est pas possible… Et cependant… cependant… il a l’air d’hésiter.

— Vous permettez ? dit Daubrecq, en approchant de lui l’appareil téléphonique qui se dressait sur la table… C’est pour une communication urgente…

— Faites donc, monsieur le député.

Daubrecq appela :

— Allô… mademoiselle, voulez-vous me donner le 822.19 ?

Il répéta le numéro, et attendit sans bouger.

Lupin sourit :