Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avant de sortir, Morestal s’approcha de la fenêtre. Au loin, des notes de clairon résonnaient, et il se pencha pour mieux les entendre.

Aussitôt Marthe dit à Philippe :

— Je suis entrée au hasard. J’étais sûre que tu cherchais une explication avec ton père.

— Oui, il le faut.

— Sur tes idées, n’est-ce pas ?

— Oui, il le faut.

— Ton père est malade… le cœur… une colère trop forte pourrait lui être funeste… surtout après cette nuit. Pas un mot, Philippe.

À ce moment, Morestal refermait la fenêtre. Il passa devant eux, puis, se retournant et mettant la main sur l’épaule de son fils, il murmura avec une ardeur contenue :

— Tu entends, là-bas, le clairon ennemi !… Ah ! Philippe, je ne désire certes pas que cela devienne un chant de guerre… Mais tout de même… tout de même, si cela était !…

À une heure de l’après-midi, le mardi deux septembre, Philippe, assis en face de