le passage ; à tel autre, le tronc d’un vieux chêne qui sonnait le creux quand il le frappait de sa canne. Et il annonça la branche, et il frappa sur le vieux chêne.
Son inquiétude, irraisonnée d’ailleurs, se dissipait. Ayant de nouveau interrogé sa montre, il pressa l’allure, afin de rentrer à l’heure dite.
Mais, brusquement, il s’arrêta. À trente ou quarante mètres de lui, il avait cru voir une ombre qui se dissimulait.
— As-tu vu ? murmura-t-il.
— Oui… j’ai vu…
Et soudain, un coup de sifflet sec, strident… Cela semblait provenir de la place même où l’ombre s’était évanouie.
— Ne bougeons pas, fit Jorancé.
Ils attendaient, le cœur serré, dans l’angoisse de l’événement qui allait se produire.
Une minute s’écoula, et d’autres encore, puis il y eut un bruit de pas, au-dessous d’eux, du côté allemand, le bruit d’un homme qui se hâte…
Morestal pensa au raidillon qu’il avait indiqué à Dourlowski pour monter des bois d’Albern à la frontière par la Fontaine-Froide. En toute certitude, quelqu’un escaladait la partie supérieure de ce raidillon, en s’accrochant aux branches et en se traînant sur les cailloux.
— Un déserteur, souffla Jorancé, pas de bêtises !
Mais Morestal le repoussa et se mit à courir jusqu’au croisement des deux chemins. Au moment même où il y arrivait, un homme déboucha, haletant, éperdu, qui balbutia en français :
— Sauvez-moi, on m’a trahi… J’ai peur…
Des silhouettes s’élançaient de l’ombre. Il semblait en surgir de chacun des arbres.
— Sauvez-moi !… sauvez-moi !…
Morestal l’empoigna et le jeta hors de la route.
— File au galop… droit devant toi.