Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/2

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA FRONTIÈRE
ROMAN INÉDIT
par
Maurice LEBLANC

première partie

I

— Ça y est !

— Quoi ?

— Le poteau allemand… au rond-point de la Butte-aux-Loups.

— Eh bien ?

— Renversé.

— Non !

— Regarde toi-même.

Le vieux Morestal s’écarta. Sa femme sortit du salon et prit place devant le trépied qui supportait la longue-vue, à l’extrémité de la terrasse.

— Je n’aperçois rien, dit-elle au bout d’un instant.

— Tu ne vois pas un arbre plus haut que les autres, avec un feuillage plus clair ?

— Oui.

— Et à droite de cet arbre, un peu au-dessous, un espace vide entre des sapins ?

— Oui.

— C’est le rond-point de la Butte-aux-Loups, qui marque la frontière à cet endroit.

— Ah ! j’y suis… voilà… Par terre, n’est-ce pas ? couché dans l’herbe… absolument comme si l’orage de cette nuit l’avait déraciné…

— Que dis-tu ? On l’a bel et bien abattu


Traduction et reproduction interdites.

Copyright by Maurice Leblanc 1910