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Il vit le drapeau qu’il avait si souvent contemplé dans l’ancienne maison de Saint-Élophe, le vieux drapeau déchiré dont il savait la glorieuse histoire.

Il vit les cartes pendues au mur, qui toutes décrivaient, en ses moindres détails, la frontière et les pays qui l’avoisinaient, à gauche et à droite des Vosges.

Il se pencha sur les rayons de la petite bibliothèque et lut les titres des ouvrages : La Guerre de 70, d’après le grand état-major allemand ; la Retraite de Bourbaki ; Comment préparer la revanche ?… ; le Crime des pacifistes.

Mais un volume attira son attention. C’était son livre sur l’idée de patrie. Il le feuilleta et, comme certaines pages étaient couvertes et balafrées de coups de crayon, il s’assit et se mit à lire.

— C’est bien cela, murmura-t-il au bout d’un instant. Pourra-t-on s’entendre désormais ? Sur quel terrain se placer l’un et l’autre ? Il est inadmissible qu’il accepte mes idées. Et comment me soumettre aux siennes ?

Il continua sa lecture, relevant des réflexions dont la rigueur le désolait. Vingt