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Le docteur Borel essaya de la raisonner.

— Tout cela est très bien… Mais où allez-vous ?

— À Paris. Mes fils m’y rejoindront.

— Vous n’avez donc pas lu les journaux ? La situation s’aggrave d’heure en heure. On mobilise les corps de frontière. Êtes-vous sûre de passer ?

— Je pars, dit-elle.

— Et si vous n’arrivez pas ?

— Je pars, répéta-t-elle.

— Et Philippe ?

Elle haussa les épaules. Il comprit que rien ne lui importait, ni l’existence de son mari, ni les menaces de guerre, et qu’il n’y avait pas à lutter contre son désespoir.

Pourtant, comme il s’en allait avec Mme Morestal, il dit, de façon à être entendu de Marthe :

— À propos de Philippe, ne soyez pas inquiète. Il est venu me voir, me demander des nouvelles de son père. Il reviendra. Je lui ai promis de le tenir au courant…

Vers sept heures, quand Victor annonça que la voiture était prête, Marthe avait changé d’avis. L’idée que Philippe rôdait