Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fois… Je vous attends. On causera… et c’est bien le diable…

— Silence ! fit Morestal.

Une voix criait du salon :

— Les voilà, monsieur, les voilà !

C’était le domestique, et Mme Morestal accourut également et dit :

— Qu’est-ce que tu fais donc là ? Avec qui parlais-tu ?

— Avec personne.

— Mais si, j’entendais…

— Non, je t’assure…

— Ah ! j’avais cru… Et bien, tu sais, tu avais raison… Il est midi, et les voilà tous deux.

— Philippe et Marthe ?

— Oui, ils arrivent. Ils sont presque à l’entrée du jardin. Dépêchons-nous…


II

Il n’a pas changé… Toujours son teint frais… Les yeux un peu fatigués, peut-être… mais la mine est bonne…

— Avez-vous fini de m’éplucher tous les deux ? dit Philippe en riant. Quelle inspection ! Embrassez plutôt ma femme.

Marthe se jeta dans les bras de Mme Morestal, puis dans les bras de son beau-père, et, à son tour, elle fut examinée des pieds à la tête.

— Oh ! oh ! la figure est moins pleine… Nous avons besoin de nous refaire… Mais ce que vous êtes trempés, mes pauvres enfants !

— Nous avons reçu tout l’orage, dit Philippe.

— Et savez-vous ce qui m’est arrivé ? dit Marthe, j’ai eu peur !… Oui, peur, comme une fillette… et je me suis évanouie… Et Philippe a dû me porter… pendant une heure au moins…

(À suivre.)