Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On déjeuna gaiement. Le vieillard ne cessa de bavarder. Sa bonne humeur, son optimisme, sa foi inébranlable dans une heureuse et prochaine solution, emportèrent les résistances, et Philippe lui-même subit l’autorité d’une conviction qui le réjouissait.

L’après-midi se continua sous des auspices également favorables. Convoqués, Morestal et son fils se rendirent à la frontière, où, en présence du procureur de la République, du sous-préfet, du brigadier de gendarmerie, et de nombreux journalistes que l’on cherchait en vain à écarter, le juge d’instruction compléta, avec un soin minutieux, les investigations qu’il avait commencées la veille. Morestal dut reprendre sur place le récit de l’agression, préciser le chemin suivi avant l’attaque et pendant la fuite, déterminer l’endroit où le soldat Baufeld avait traversé la ligne et l’endroit où le commissaire et lui, Morestal, avaient été arrêtés.

Il le fit sans hésitation, allant et venant, parlant et affirmant avec une telle certitude, tant de logique et de sincérité, tant de verve et d’enthousiasme, que la scène évoquée par lui, revivait aux yeux des