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ordinaire que ce fût, était-ce vraiment par hasard que la demoiselle aux yeux verts se trouvait là, et qu’elle s’y trouvait en compagnie d’un homme qui ne pouvait être que le sieur Guillaume ? La rapidité de leur fuite et de leur voyage, leur intrusion soudaine dans ce jardin, à cette date du 28 avril et à cette heure de l’après-midi, tout cela ne montrait-il pas qu’eux aussi connaissaient l’affaire et qu’ils allaient directement au but avec la même certitude que lui ? Et, même, n’était-il pas permis de voir là ce que Raoul cherchait, une relation certaine entre les entreprises de l’Anglaise, victime, et de la Française, meurtrière ? Munis de leurs billets, leurs bagages enregistrés à Paris, les complices avaient tout naturellement continué leur expédition.

Ils s’en venaient, tous deux, le long des oliviers. L’homme assez maigre, entièrement rasé, l’air d’un acteur peu sympathique, tenait un plan à la main, et marchait, l’allure soucieuse et l’œil aux aguets.

La jeune femme… Vraiment, bien qu’il ne doutât point de son identité, Raoul la reconnaissait malaisément. Combien elle était changée, cette jolie figure heureuse et souriante qu’il avait tant admirée quelques jours auparavant dans la pâtisserie du boulevard Haussmann ! Ce n’était pas non plus l’image tragique aperçue dans le couloir du rapide, mais un pauvre visage contracté, douloureux, craintif, qui faisait peine à voir. Elle portait une robe toute simple, grise, sans ornements, et une capeline de paille qui cachait ses cheveux blonds. Or, comme ils