Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

justice. Si vous ne me suivez pas, c’est la prison, la cour d’assises…

— Non, fit-elle, M. le juge me laissera libre.

— Il ne vous laissera pas libre. Deux hommes sont morts… Votre blouse est couverte de sang… Venez… Une seconde d’hésitation peut vous perdre… Venez…

Après un silence, elle murmura :

— J’ai les mains attachées.

Toujours accroupi, il coupa les liens avec son couteau et demanda :

— Est-ce qu’ils peuvent vous voir actuellement ?

— Le gendarme seulement, quand il se retourne, et mal, car je suis dans l’ombre… Pour les autres, ils sont trop à gauche…

— Tout va bien… Ah ! un instant. Écoutez…

Sur le quai des pas approchaient, et il reconnut la voix de Marescal. Alors il commanda :

— Pas un geste… Les voilà qui arrivent, plus tôt que je ne croyais… Entendez-vous ?…

— Oh ! j’ai peur, bégaya la jeune fille… Il me semble que cette voix… Mon Dieu, serait-ce possible !

— Oui, dit-il, c’est la voix de Marescal, votre ennemi… Mais il ne faut pas avoir peur… Tantôt, rappelez-vous, sur le boulevard, quelqu’un s’est interposé entre vous et lui. C’était moi. Je vous supplie de ne pas avoir peur.

— Mais il va entrer…

— Ce n’est pas sûr…

— Mais s’il entre ?…