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s’inclina vers lui. Leurs lèvres s’unirent.

Ainsi finit l’étrange et redoutable aventure de Juvains qui, durant quinze ans, fut la cause de tant de crimes et de tels désespoirs. Raoul essaya d’arracher au mal le petit complice de Jodot. Il l’avait placé chez la veuve Ancivel. Mais la mère de Guillaume, à qui il avait révélé la mort de son fils, se mit à boire. L’enfant, trop tôt corrompu, ne put se relever. On dut l’enfermer dans une maison de santé. Il s’en échappa, retrouva la veuve, et tous deux passèrent en Amérique.

Quant à Marescal, assagi, mais obsédé de conquêtes féminines, il a monté en grade. Un jour, il demanda audience à M. Lenormand, le fameux chef de la Sûreté[1]. La conversation terminée, M. Lenormand s’approcha de son inférieur, et lui dit, une cigarette aux lèvres : « Un peu de feu, s’il vous plaît », cela d’un ton qui fit tressaillir Marescal. Tout de suite il avait reconnu Lupin.

Il le reconnut encore sous d’autres masques, toujours gouailleur et l’œil clignotant. Et chaque fois il recevait à bout portant la petite phrase terrible, âpre, cinglante, inattendue, et si cocasse par suite de l’effet produit sur lui.

— Un peu de feu, s’il vous plaît.

Et Raoul acheta le domaine de Juvains. Mais, par déférence envers la demoiselle aux yeux verts, il ne voulut pas en divulguer le secret prodigieux. Le lac de Juvains et la fontaine de Jouvence comptent au nombre de ces merveilles accumulées et de ces trésors fabuleux que la France héritera d’Arsène Lupin…


fin.

  1. Voir « 813 »