Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jodot consulta Guillaume à voix basse, et répliqua :

— Oui, nous sommes d’accord. Que voulez-vous ?

— Moi ? Mais rien du tout, mon vieux, dit Raoul toujours insouciant. Je suis un monsieur qui cherche la paix et qui paie ce qu’il faut pour l’obtenir. On devient des associés… voilà le vrai mot. Si tu désires verser dans l’association dès aujourd’hui une part quelconque, à ta guise. Tu as des documents ?

— Considérables. Les instructions du marquis, rapport au lac.

— Évidemment puisque tu as pu fermer l’écluse. Elles sont détaillées, ces instructions ?

— Oui, cinq cahiers d’écriture fine.

— Et tu les as là ?

— Oui. Et j’ai le testament aussi… en faveur d’Aurélie.

— Donne.

— Demain, contre les chèques, déclara Jodot nettement.

— Entendu, demain, contre les chèques. Serrons-nous la main. Ce sera la signature du pacte. Et séparons-nous.

Une poignée de main fut échangée.

— Adieu, fit Raoul.

L’entrevue était finie, et cependant la vraie bataille allait se livrer en quelques mots. Toutes les paroles prononcées jusque-là, toutes les promesses, autant de balivernes propres à dérouter Jodot. L’essentiel, c’était l’emplacement des vannes. Jodot parlerait-il ? Jodot devinerait-il la situation véritable, la raison sournoise de la démarche faite par Raoul ?

Jamais Raoul ne s’était senti à ce