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le tic-tac ininterrompu de sa montre le poussait comme une force irrésistible ; chaque seconde qui battait ainsi près de son oreille, c’était un peu de la vie d’Aurélie qui se dissipait. Il fallait donc réussir. Il réussit. Soudain il n’y eut plus d’obstacles. Un dernier étage de gazon couronnait l’édifice. Une lueur vague flottait dans l’ombre, comme une nuée blanche.

Devant lui se creusait une dépression, un terrain en cuvette, au centre duquel s’écroulait une cabane à moitié démolie. Un tronc d’arbre portait une lanterne fumeuse.

Sur le rebord opposé, deux hommes lui tournaient le dos, étendus à plat ventre, penchés vers le lac, des fusils et des revolvers à portée de leurs mains. Près d’eux une seconde lumière, provenant d’une lampe électrique, celle dont la lueur avait guidé Raoul.

Il regarda sa montre et tressaillit. L’expédition avait duré cinquante minutes, beaucoup plus longtemps qu’il ne le croyait.

— J’ai une demi-heure tout au plus pour arrêter l’inondation, pensa-t-il. Si, dans une demi-heure, je n’ai pas arraché à Jodot le secret des vannes, je n’ai plus qu’à retourner près d’Aurélie, selon ma promesse, et mourir avec elle.

Il rampa dans la direction de la cabane, caché par les hautes herbes. Une douzaine de mètres plus loin, Jodot et Guillaume causaient en sécurité absolue, assez haut pour qu’il reconnût leurs voix, pas assez pour qu’il recueillît une seule parole. Que faire ?