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— Ne craignez rien, dit-il doucement.

— Je ne crains rien, dit-elle tout bas, mais nous devons rester ensemble… Les mêmes dangers nous menacent. Ne nous quittons pas.

— Je ne vous quitterai pas, promit Raoul, vous avez raison.

Il passa seulement la tête, afin d’observer l’horizon.

Une troisième balle troua l’une des ardoises sur le toit.

Ainsi ils étaient assiégés, immobilisés. Deux tireurs, munis de fusils à longue portée, leur interdisaient toute tentative de sortie. Ces tireurs, Raoul, d’après deux petits nuages de fumée qui tourbillonnaient au loin, avait eu le temps de discerner leur position. Peu distants l’un de l’autre, ils se tenaient sur la rive droite, au-dessus du défilé, c’est-à-dire à deux cent cinquante mètres environ. De là, postés bien en face, ils commandaient le lac sur toute sa longueur, battaient le petit coin qui demeurait de la plage et pouvaient atteindre à peu près tout l’intérieur de la grotte. Elle s’offrait à eux, en effet, tout entière, sauf un renfoncement situé à droite et où l’on devait s’accroupir, et sauf l’extrême fond au-dessus de l’âtre marqué par deux pierres, et que masquait la retombée du toit.

Raoul fit le violent effort de rire.

— C’est drôle, dit-il.

Son hilarité semblait si spontanée qu’Aurélie se domina, et Raoul reprit :

— Nous voilà bloqués. Au moindre mouvement, une balle, et la ligne de