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à leur place, tout devient logique, simple, harmonieux, naturel comme une page d’histoire. C’est cette page d’histoire que je viens de te lire, Marescal. Tu connais maintenant l’aventure et tu sais qu’Aurélie d’Asteux est innocente. Laisse-la s’en aller.

Marescal haussa les épaules.

— Non.

— Ne t’entête pas, Marescal. Tu vois, je ne plaisante plus, je ne me moque plus. Je te demande simplement de reconnaître ton erreur.

— Mon erreur ?

— Certes, puisqu’elle n’a pas tué, puisqu’elle ne fut point complice, mais victime.

Le commissaire ricana :

— Si elle n’a pas tué, pourquoi a-t-elle fui ? De Guillaume, j’admets la fuite. Mais elle ? Qu’y gagnait-elle ? Et pourquoi, depuis, n’a-t-elle rien dit ? À part quelques plaintes au début, lorsqu’elle supplie les gendarmes : « Je veux parler au juge, je veux lui raconter… » À part cela, le silence.

— Un bon point, Marescal, avoua Raoul. L’objection est sérieuse. Moi aussi, ce silence m’a souvent déconcerté, ce silence opiniâtre dont elle ne s’est jamais départie, même avec moi, qui la secourais, et qu’un aveu eût puissamment aidé dans mes recherches. Mais ses lèvres demeurèrent closes. Et c’est ici seulement, dans cette maison, que j’ai résolu le problème. Qu’elle me pardonne si j’ai fouillé ses tiroirs, durant sa maladie. Il le fallait. Marescal, lis cette phrase, parmi les instructions que sa mère mourante, et qui ne se faisait pas d’illusions sur Brégeac, lui a laissées : « Aurélie,