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Aurélie. J’entre toujours en scène à la minute décisive. C’est une habitude et je ne manque jamais mon entrée. Vous l’avez bien vu, cette nuit-là : Marescal vous enferme, je vous sauve. Deux jours après, à Nice, c’est Jodot, je vous sauve. À Monte-Carlo, à Sainte-Marie, c’est encore Marescal, et je vous sauve. Et tout à l’heure n’étais-je pas là ? Alors, que craignez-vous ? Tout est fini, et nous n’avons plus qu’à nous en aller tout tranquillement, avant que les deux bougres n’arrivent et que les chasseurs à pied ne cernent la maison. N’est-ce pas, Rodolphe ? Tu n’y mets aucun obstacle, et mademoiselle est libre ?… N’est-ce pas, tu es ravi de ce dénouement qui satisfait ton esprit de justice et de courtoisie ? Vous venez, Aurélie ?

Elle vint timidement, sentant bien que la bataille n’était pas gagnée. De fait, au seuil de la porte, Marescal se dressa, impitoyable. Brégeac le rejoignit. Les deux hommes faisaient cause commune contre le rival qui triomphait…


XI

Du sang…


Raoul s’approcha et, dédaignant Brégeac, il dit d’un ton paisible au commissaire :

— La vie semble très compliquée parce que nous ne la voyons jamais que par bribes, par éclairs inattendus. Il en est ainsi de cette affaire du rapide. C’est embrouillé comme un roman-feuilleton. Les faits éclatent au hasard, stupidement, comme des pétards qui n’exploseraient pas dans l’ordre où on les a disposés. Mais qu’un esprit lucide les remette