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Il exhiba un papier.

— Ta démission… et les aveux d’Aurélie… Je les ai rédigés d’avance… Ta signature, Aurélie… Tiens, lis… « J’avoue que j’ai participé au crime du rapide, le vingt-six avril dernier, que j’ai tiré sur les frères Loubeaux… j’avoue que… » Enfin toute ton histoire résumée… Pas la peine de lire… Signe !… Ne perdons pas de temps !

Il avait trempé son porte-plume dans l’encre et s’obstinait à le lui mettre de force entre les doigts.

Lentement, elle écarta la main du commissaire, prit le porte-plume, et signa, selon la volonté de Marescal, sans prendre la peine de lire. L’écriture fut posée. La main ne tremblait pas.

— Ah ! dit-il avec un soupir de joie… voilà qui est fait ! Je ne croyais pas que cela irait si vite. Un bon point, Aurélie. Tu as compris la situation. Et toi, Brégeac ?

Celui-ci hocha la tête. Il refusait.

— Hein ! Quoi ? Monsieur refuse ? Monsieur se figure qu’il va rester à son poste ? De l’avancement peut-être, hein ? De l’avancement comme beau-père d’une criminelle ? Ah ! elle est bonne, celle-là ! Et tu continuerais à me donner des ordres, à moi, Marescal ? Non, mais tu en as de drôles, camarade. Crois-tu donc que le scandale ne suffira pas à te déboulonner, et que demain, quand on lira dans les journaux l’arrestation de la petite, tu ne seras pas obligé…

Les doigts de Brégeac se refermèrent sur le porte-plume qu’on lui tendait. Il lut la lettre de démission, hésita.