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ligué contre moi. Pourquoi ? Parce qu’ils sont tous plus ou moins à la solde de Marescal, et parce que tous ils le savent puissant près du ministre. Or, toi et moi, nous sommes liés l’un à l’autre, ne fût-ce que par sa haine. Et nous sommes liés par notre passé, qui est le même, que tu le veuilles ou non. Je t’ai élevée. Je suis ton tuteur. Ma ruine c’est la tienne. Et je me demande même si ce n’est pas toi que l’on veut atteindre, pour des motifs que j’ignore. Oui, j’ai l’impression, à certains symptômes, qu’on me laisserait tranquille à la rigueur, mais que tu es menacée directement.

Elle parut défaillir.

— Quels symptômes ?

Il répondit :

— C’est pis que cela. J’ai reçu une lettre anonyme sur papier du ministère… une lettre absurde, incohérente, où je suis averti que des poursuites vont commencer contre toi.

Elle eut l’énergie de dire :

— Des poursuites ? Vous êtes fou ! Et c’est parce qu’une lettre anonyme ?…

— Oui, je sais, fit-il. Quelque subalterne qui aura recueilli un de ces bruits stupides… Mais, tout de même, Marescal est capable de toutes les machinations.

— Si vous avez peur, allez-vous-en.

— C’est pour toi que j’ai peur Aurélie.

— Je n’ai rien à craindre.

— Si. Cet homme a juré de te perdre.

— Alors, laissez-moi partir.

— Tu en aurais donc la force ?

— J’aurais toute la force qu’il fau-