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troublait l’harmonie de son visage régulier, et déformait ses traits d’habitude immobiles. Un rictus remontait le coin gauche de sa bouche, entraînant ainsi la moitié de sa barbe carrée. Les dents luisaient. Les yeux étaient cruels et durs.

Il ricana :

— Eh bien, mademoiselle, je crois que les événements ne me sont pas trop défavorables ! Pas moyen de m’échapper comme dans la gare de Beaucourt ! Pas moyen de me chasser comme à Paris ! Hein, il va falloir subir la loi du plus fort !

Le buste droit, les bras raidis, ses poings crispés sur le banc de pierre, Aurélie le contemplait avec une expression d’angoisse folle. Pas un gémissement. Elle attendait.

— Comme c’est bon de vous voir ainsi, jolie demoiselle ! Quand on aime de la façon un peu excessive dont je vous aime, ce n’est pas désagréable de trouver en face de soi de la peur et de la révolte. On est d’autant plus ardent à conquérir sa proie… sa proie magnifique, ajouta-t-il tout bas… car, en vérité, vous êtes rudement belle !

Apercevant le télégramme déplié, il se moqua :

— Cet excellent Brégeac, n’est-ce pas ? qui vous annonce son arrivée imminente et votre départ ?… Je sais, je sais. Depuis quinze jours, je le surveille, mon cher directeur, et je me tiens au courant de ses projets les plus secrets. J’ai des hommes dévoués près de lui. Et c’est ainsi que j’ai découvert votre retraite, et que j’ai pu le devancer de quelques heures, lui. Le temps d’explorer les