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— Mon couteau, alors ? Je prends mon couteau…

— C’est ça. Cure-toi les ongles.

Les M. T. P. approchaient. En même temps, les biceps de l’homme-canon grouillaient sous le coton rose comme un nid de serpents.

Le plus malingre des deux bandits (Balthazar reconnut celui de l’auberge) un gringalet, traversa le clos, et demanda, une cigarette entre les doigts, la mine insolente :

— T’as des allumettes, camarade ?

— J’vas t’en passer une, d’allumette… gloussa Fridolin d’un petit ton jovial… Accours, mon vieux.

Le bandit monta les trois marches. Fridolin ouvrit les bras pour l’enserrer et l’aplatir contre lui. Mais il reçut au menton, de bas en haut, un coup de poing qui le fit chanceler. Il n’y eut aucune lutte. Sans un mot, l’homme-canon s’écroula sur le sol, comme un bœuf qui plie les genoux.

Deux silhouettes franchirent son corps, et deux revolvers furent braqués sur Balthazar, derrière lesquels se convulsaient deux figures implacables :

— Le portefeuille ! exigea le gringalet… Aboule… Presto. Hein ?… Quoi ?… tu refuses de parler ? Comme si Gourneuve t’avait pas indiqué la cachette ! Allons, avoue, c’est toi qui l’as ramassé au creux de l’arbre… Raconte… sans quoi…

Une main saisit Balthazar à la gorge et serra si fort qu’il lui eût été impossible de répondre. Mais aussitôt l’étreinte se relâcha. L’autre bandit qui veillait près de la fenêtre avait sifflé légèrement.

— Quoi ? Qu’y a-t-il ? grogna le gringalet.

— Des gens qui viennent.

— Des gens ?

— Oui, l’Anglais et ses copains.

— Crebleu, il faut filer. Quelle guigne ! Toi, on te retrouvera, le Balthazar.

Il s’enfuit ainsi que son compagnon. Balthazar, tout chancelant, voulut fermer la porte avant l’arrivée des autres agresseurs. Mais quelqu’un se glissa par l’entrebâillement. C’était Coloquinte, qui se jeta sur lui.

— Vous n’êtes pas blessé, monsieur Balthazar ? Ils ne vous ont pas fait de mal ? Ah ! je savais bien qu’on vous attaquerait. Vite, vite, sauvez-vous… voilà l’Anglais au chapeau de paille…

Elle cherchait à l’entraîner. Trop tard. L’Anglais se présentait, accompagné des trois individus habillés de complets à carreaux et coiffés de casquettes, qui, tous trois, brandissaient des casse-tête.

À ce moment, l’Homme-canon, réveillé de