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LA LETTRE ANONYME

cela ! C’est un mensonge que tu inventes maintenant ! un mensonge inadmissible… Comment l’aurais-tu su ?… »

Elle ouvrit le réticule de vieille soie brodée de perles, qu’elle portait au bras, et montra le dictionnaire dont il s’était servi.

« Tiens, dit-elle, voici toutes les pages où tu as découpé les lettres. Il manque juste les lettres qui se retrouvent sur la feuille que tu m’as envoyée. C’est par hasard que j’ai eu besoin de ce dictionnaire. Et j’ai compris tout de suite. La preuve te suffit, n’est-ce pas ? »

Hervé ne répondit pas. Il avait desserré son étreinte, et il se tenait sur la banquette, courbé en deux, la tête basse.

Ils rentrèrent ainsi, sans échanger une parole. Marceline gagna sa chambre. Il la suivit, toujours silencieux.

Lorsqu’elle eut retiré son chapeau, il s’approcha d’elle et lui dit d’une voix humble :

« Tu me pardonnes ?

— Non, » fit Marceline.

Il la regarda, très surpris, car il voyait clair maintenant en cette âme limpide, et il croyait en son indulgence. Elle reprit :

« Je te pardonnerai plus tard, quand tu ne douteras plus de moi.

— Je n’en doute pas.

— Aujourd’hui, non. Mais demain ?…

— Alors ?…

— Alors, nous allons partir. Nous vivrons à la cam-