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LA LETTRE ANONYME

tait dans son boudoir, où elle avait coutume de se reposer et de lire. Vers trois heures, elle commença de s’habiller. À quatre heures et quart, elle ouvrit sa porte, descendit et s’en alla.

En hâte il dégringola l’escalier, prêt à la suivre. Mais à quoi bon ? Il risquait d’être surpris par elle.

Une voiture le conduisit à l’entrée du Bois. Là, il prit, à droite du Pavillon Chinois, un sentier qui suit d’abord l’allée cavalière, parmi des pelouses ombragées où des enfants jouaient. Mais, un peu plus loin, il y avait des taillis plus touffus, derrière lesquels il lui fut facile de se dissimuler sans attirer l’attention.

À ce moment-là, il éprouvait un grand calme, car il était certain que Marceline ne viendrait pas. Il la jugeait subitement toute différente, et semblable, cette fois, à l’idée que l’on prenait d’elle en regardant ses yeux clairs et son sourire ingénu.

« Ah ! ma chérie, ma chérie, murmura-t-il, je te demande pardon. »

À cinq heures, elle n’était pas là. Et dix minutes encore s’écoulèrent.

Des gens défilaient devant lui, parfois des couples qui se tenaient enlacés, et ceux-là il les contemplait avec une émotion profonde, comme s’il eût éprouvé lui-même la même joie grave et harmonieuse.

Un groupe d’ouvriers déboucha. Puis le chemin fut désert, et Hervé songeait à partir, quand une silhouette apparut au détour. Il étouffa un cri. C’était Marceline.

Elle avançait d’un pas lent, en femme qui se pro-