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LA LETTRE ANONYME

Sur l’enveloppe, une enveloppe de commerce jaune, il forma de la même manière cette adresse :

Madame Hervé Daunoux,
153 bis, boulevard Haussmann


Avant de cacheter, il hésita, et murmura avec un frisson de dégoût :

« C’est ignoble, ce que je fais là ! »

Mais il ne pouvait pas ne pas le faire, il n’en avait pas la force. Après trois ans de mariage, il voulait savoir, et acquérir sur sa femme une certitude que lui refusaient les circonstances ordinaires de la vie.

Marceline lui semblait l’être le plus mystérieux qui fût. Jeune, jolie, riche, pourquoi l’avait-elle épousé, lui qui était pauvre, malingre, et qui ne pouvait s’illusionner sur les charmes de sa personne ? Pourquoi ? Parce qu’il l’aimait éperdument, follement ? Mais l’amour qu’une femme inspire ne la conduit pas jusqu’à sacrifier son existence.

« Je t’aime, répondait Marceline à ses questions anxieuses, je t’aime, ne cherche pas plus loin. »

Or, cela, Hervé ne parvenait pas à le croire, Il ne niait point que, par moments, la vérité de cet amour ne lui apparût, et que Marceline ne lui en donnât mille preuves. Elle était toujours tendre, souriante, heureuse de vivre, heureuse de se dévouer à lui. Elle le regardait avec des yeux dont l’affection ne se démentait jamais. Elle l’écoutait parler comme on