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L’ENVELOPPE AUX CACHETS ROUGES

phaël Dormeval. Cet être allait mourir, et plus rien ne resterait du passé.

À dix heures, les témoins se réunirent. À quatre heures, le duel eut lieu.

Dès que Guillaume se trouva en face de son adversaire, un sursaut de rage et de haine le souleva. Seulement alors il souffrit, et il sut vraiment, de la façon la plus profonde, que la vie ne serait pas possible tant que cet homme vivrait.

Deux fois il l’attaqua avec une violence extrême.

On dut les séparer. À la troisième reprise, il se jeta de nouveau sur lui et le traversa d’un coup d’épée.

Dormeval tomba. Il était mort.

Après avoir quitté ses témoins, Guillaume se promena longtemps au Bois. Aucune pensée ne l’agitait.

Il se sentait un cerveau lourd, confus, d’où les idées n’arrivaient point à se dégager. Souffrait-il ? Sa haine était-elle assouvie ?

À l’heure du dîner, il se retrouva chez lui. Son domestique l’avertit qu’une dame l’attendait au salon, depuis une heure au moins. Il s’y rendit et reconnut Henriette Decize, l’amie dévouée, la confidente à laquelle Jacqueline avait légué ses lettres d’amour… Depuis la mort de sa femme, Guillaume n’avait pas revu Henriette, celle-ci étant partie le lendemain en voyage.

Ils échangèrent quelques paroles. Henriette lui annonça qu’elle arrivait à l’instant du Midi, qu’elle