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L’ENVELOPPE AUX CACHETS ROUGES

cet homme assis près de sa femme, et il eut l’impression très nette des silences qui accueillaient son arrivée importune.

À ce moment, onze heures sonnaient à la pendule de la chambre.

Guillaume se leva, quitta la pièce, prit son chapeau, son pardessus, et sortit.

Un taxi-auto le mena au cercle de la rue des Capucines. Il monta.

Plusieurs salles étaient remplies par des tables de bridge. Au fond, dans une salle plus grande, on jouait au baccara.

Raphaël Dormeval tenait la banque.

Guillaume jeta quelques louis sur un tableau.

Quelques minutes plus tard, sans motif, ou du moins sur un motif si futile que iles assistants se regardèrent avec stupeur, il insulta Dormeval de la façon la plus grossière. Il y eut un échange de cartes, des témoins furent constitués.

Guillaume rentra chez lui.

Deux photographies de Jacqueline ornaient sa cheminée. Il les jeta au feu. Puis, passant dans le salon, il décrocha le portrait de sa femme, coupa la toile au ras du cadre et, morceau par morceau, la brûla.

Il dormit ensuite assez paisiblement et, lorsqu’il se leva le lendemain, il était plutôt calme. Il lui semblait qu’il avait tué la morte une seconde fois, qu’il l’avait tuée en lui, définitivement, pour toujours, et que jamais ne l’obséderait le souvenir épouvantable de la trahison. Un seul être aurait pu le lui rappeler : Ra-