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L’ENVELOPPE AUX CACHETS ROUGES

Jacqueline notait leurs sensations communes, leurs joies, leurs chagrins.

Mais Guillaume ayant pris ce cahier, dérangea un morceau de velours assujetti au fond du coffret d’ébène.

Il enleva l’étoffe et fut très surpris de trouver une enveloppe jaune marquée de cinq cachets rouges et qui semblait renfermer un certain nombre de papiers.

Sur l’enveloppe, il reconnut l’écriture de sa femme. Il lut :

À remettre, après ma mort, à mon amie Henriette Decize.


Guillaume n’eut pas une seconde d’hésitation. Si loyal qu’il fût et quoique, du vivant de Jacqueline, il n’eût jamais ouvert une lettre destinée à sa femme, d’un geste brusque, sans réfléchir, poussé par un instinct plus fort que tout, il rompit les cachets et déchira l’enveloppe.

C’étaient des lettres, des lettres d’homme.

D’une main tremblante, il saisit l’une d’elles.

Elle commençait par ces mots :

Ma chère adorée…

Il tourna la page et regarda la signature : Raphaël.

Tout de suite il comprit.

Durant les mois qui avaient précédé la maladie de Jacqueline, Raphaël Dormeval avait été le familier de la maison. Plusieurs fois, en entrant, il avait trouvé