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LA BELLE MADAME DE GIMEUSE

« Adieu, et merci. Cette soirée que j’appréhendais fut douce… grâce à vous.

— Non, fit-il, grâce à vous et à la confiance un peu imprévue que vous m’avez témoignée. Vous aviez besoin d’expansion : j’étais là. »

Sans raison, elle s’assit de nouveau, après quelques pas. Et ils demeurèrent longtemps encore à deviser sur toutes les choses qu’ils chérissaient. Ils s’aperçurent ainsi que beaucoup de ces choses étaient les mêmes.

« Au revoir, et pour de bon, dit Mme de Gimeuse.

— Au revoir, soit, dit-il, mais quand ?

— Un de ces jours.

— Lequel ?

— Venez prendre le thé après-demain.

— Nous serons seuls ?

— Oui. »

Debout l’un en face de l’autre, ils se donnèrent la main et se regardèrent au fond des yeux, un instant. Et Diane sentit, au regard de Villeneuve, qu’elle avait éveillé dans l’âme de cet homme une émotion nouvelle.

En s’en allant, elle songea que c’était la première fois, depuis le début de sa vie mondaine, qu’elle emportait d’une soirée le souvenir troublant d’une conquête. Et c’était le premier jour où elle consentait à n’être plus la belle Mme de Gimeuse et à montrer les rides de sa figure et la neige de ses cheveux.

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