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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

poursuivies par le notaire, elle ne put dissimuler sa satisfaction.

« Alors, vous avez réussi ? Ah ! je suis contente… Pourquoi le nier ? les réflexions des gens m’importunaient d’avance… pardonnez-moi cette faiblesse… je puis la confesser puisque je vous avais acceptée pour ma fille, avant de savoir que vos parents étaient dignes de vous. La peur qu’ils ne le fussent pas, c’était le seul empêchement, et irrévocable celui-là. Mais cette peur, je l’ai surmontée. Le beau mérite, n’est-ce pas ? comme s’il était difficile de les connaître quand on vous connaît, vous ! »

Elle prit la lettre, la palpa, et dit :

« Nous allons apprendre le nom de deux braves gens. Votre père devait avoir votre séduction, Gilberte, et votre mère. Votre mère, je me la représente… un être exquis et charmant comme vous… Vous l’aimiez beaucoup ?

— Plus que ma vie, madame.

— Tiens, Guillaume, lis-nous cela. »

Guillaume saisit l’enveloppe et l’ouvrit. Au moment de déplier la feuille qu’elle contenait, il eut une hésitation.

« Qu’y a-t-il donc ? demanda Mme de la Vaudraye.

— Rien, » fit-il au bout d’un instant.

Et il déplia la feuille.

Ils étaient là tous les trois, diversement impressionnés, mais anxieux et même un peu craintifs, comme on l’est à l’approche des événements solennels de la vie, lors même que l’on n’attend d’eux que plaisir et satisfaction.