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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

vous le promets… Quant à Guillaume… Ah ! si vous saviez comme il parle de sa fiancée ! Je vous connais maintenant autant que lui… Mais avais-je besoin de ses paroles pour vous connaître ? Ce qu’il ressent auprès de vous, cette impression de fraîcheur et de clarté, ne l’ai-je pas toujours sentie ? Vos yeux, j’en sais tout le pouvoir… ils purifient… ils apaisent… on est meilleur de vous avoir regardée… on y voit mieux. »

Gilberte, confuse, tenait sa tête enfouie contre l’épaule accueillante. Elle retardait, comme une réserve de joie, la nouvelle de son nom retrouvé, et l’idée du plaisir dont elle disposait lui donnait des frissons d’impatience.

Elle prononça tout bas :

« Alors… pour mon nom… pour mon passé…

— Des niaiseries ! s’écria Mme de la Vaudraye Pouvais-je persister à m’y conformer, du moment qu’il s’agissait de vous, l’innocente Gilberte ? Est-ce que de tels préjugés ne s’évanouissent pas quand on les examine avec vos yeux et qu’on les juge avec votre candeur ?

— Bien vrai ? dit la jeune fille, se dégageant et la contemplant d’un air radieux, vous ne regrettez rien ?

— Je ne regrette rien.

— Eh bien, lisez cette lettre que je viens de recevoir, elle vous le dira, ce secret. Moi aussi, j’ai une famille. Ah ! madame, vous n’aurez pas à rougir de moi. »

Mme de la Vaudraye ne comprit pas d’abord, puis, Gilberte l’ayant mise au courant des recherches