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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

berte avait trop de délicatesse pour se plaire à cette constatation, et elle répondit :

« C’est le bonheur de votre fils que vous n’avez pas le courage de repousser. Il est si facile de deviner que toutes vos ambitions et tous vos espoirs ne sont que pour lui. »

Mais Guillaume s’écria, moins indulgent :

« En vérité, mère, on croirait que tu essaies de diminuer le prix de ton consentement. Voyons, raconte-lui plutôt nos conversations depuis deux semaines, dis-lui que tu sais toute l’histoire de notre amour, et que tu comprends Gilberte, elle aussi, comme elle le mérite, et que c’est pour cela que tu acceptes. »

Une résistance suprême raidit Mme de la Vaudraye. C’était la dernière convulsion de sa vanité. Elle sembla indécise, étourdie, chancelante, comme quelqu’un qui cherche à se retenir avant de tomber, et, soudain, vaincue, elle attira Gilberte dans ses bras.

« Eh bien, oui, mon enfant, c’est vous qui m’avez conquise. Je reviens à vous, non pas parce que vous êtes riche et généreuse, mais parce que vous êtes bonne, sincère, et noble entre les plus nobles. Oui, j’ai pensé à l’avenir, dès le début, et j’y pense encore, mais, dès le début aussi, votre grâce a fait son œuvre sur moi comme sur les autres. Je vous ai aimée en dehors de tout calcul. Et depuis mon refus, j’ai beau accumuler tous les motifs pour m’affermir dans ma résolution, je ne me rappelle que votre douceur, votre ingénuité, votre simplicité de petite fille.

— Oh ! murmura Gilberte, je suis bien heureuse.

— Vous le serez toujours par moi, mon enfant, je