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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

— Votre mère est ici ?

— Oh ! Gilberte, serais-je venu sans elle, moi qui n’ai même pas voulu aller là-bas, dans les roches, de peur de vous déplaire ? »

Elle se rappela sa déception de la veille et de l’avant-veille, et fut sur le point de s’accuser, mais de quoi ? Avait-elle prêté une oreille complaisante aux calomnies de la ville ? Elle dit simplement :

« Je suis contente de ce que vous avez fait pour Mme de la Vaudraye.

— Qu’ai-je fait ?

— N’était-ce pas un sacrifice que d’assister à ses soirées ? »

Il s’avança vers Gilberte :

« Un sacrifice ? Mais non. Ah ! c’est que vous ne savez pas ce qui se passe depuis quelques jours… Mais je suis prêt à faire tout ce qu’elle voudra, et à m intéresser à tout ce qui l’intéresse, et à aimer tout ce qu’elle aime… Si vous saviez, Gilberte… Écoutez… ou plutôt non, je préfère que ce soit elle…

— Oh ! s’écria Gilberte, si ce sont des mots d’espoir et de bonté, pourquoi ne pas les prononcer vous-même, Guillaume ? Ne seront-ils pas meilleurs si je les entends de votre bouche ? Parlez, mon Guillaume… Que mon souvenir les associe au son de votre voix. je vous en prie… »

Elle le suppliait de son tendre sourire. Aussitôt il lui dit :

« Eh bien, Gilberte, ce sera donc moi… »

L’entrée d’Adèle l’interrompit. Elle présenta une lettre sur un plateau. Gilberte la prit, et tandis que la