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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

mas, il est évident que le sieur Renaudeau, étant dans la plus profonde misère, ne résistera pas à certains arguments.

« Ma prochaine lettre vous apprendra donc, mademoiselle, je crois pouvoir vous l’affirmer, le nom de vos parents et le lieu de votre naissance… »


XI

LE NOM DE GILBERTE


Cette lettre que promettait Me Dufornéril, Gilberte, moins forte dans la joie que dans la douleur, l’attendit avec une impatience fiévreuse. Quatre ou cinq jours encore, une semaine au plus, et le mystère serait élucidé, et le seul obstacle qui s’opposait à son mariage serait aboli.

Elle se confina de plus en plus chez elle. À quoi bon de courtes et furtives promenades, quand son imagination, maintenant affranchie, la conduisait à travers l’immensité du monde, au bras de Guillaume, sous les yeux de Guillaume ? Elle essaya de lire des romans, éprouvant le besoin de maîtriser son exaltation. Mais que valent les aventures des autres au moment où notre destinée va s’accomplir, et où elle va s’accomplir dans le bonheur et dans la certitude ? La seule aventure, c’était celle qui l’entraînait vers Guillaume. Le drame commençait et finissait à Guillaume. Le héros unique était Guillaume.

« C’est demain », se disait-elle chaque jour, avec