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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

— Guillaume ? j’ai reçu de lui ce matin une lettre datée de Paris. Et puis, je le connais, quand il a pris une décision… »

Gilberte regarda sa montre.

« Cinq heures. S’il y était cependant. Ah ! il me semble aujourd’hui qu’il y est, que je vais le voir… À demain. »

Elle s’en alla rapidement, laissant sa compagne interdite. L’espoir la soulevait, un espoir chaque fois déçu, et que rien ne rebutait.

« Mme Armand rentre seule cet après-midi, dit-on à Domfront, comme elle se hâte ! »

Elle franchit le vestibule du Logis, sans s’arrêter, et se dirigea droit au pavillon. Ses yeux auraient voulu de percer le rideau de feuillage qui lui dérobait la colline. Elle ne doutait pas qu’il y fût, et, en même temps, elle sentait la folie de cette certitude.

Elle arriva. Tout de suite son regard scruta les rochers. Il était là.

Elle fut sur le point de lui envoyer, à pleines mains, des baisers, des poignées de baisers, ou bien de s’agenouiller et de lui tendre les bras à travers l’espace, mais elle vit qu’il descendait la côte en courant, et elle se mit à courir aussi vers lui, de toutes ses forces.

Elle arriva tout essoufflée au bas du jardin, démolit la petite barrière de bois qui tardait à s’ouvrir, et sauta sur la route au moment où Guillaume traversait le pont.

« Gilberte !

— Guillaume ! »

D’un regard, ils s’assurèrent que rien n’était changé