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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

Et elle n’agit point ainsi par calcul envers la mère de Guillaume, mais par un instinct confus et invincible qui l’obligeait à être bonne envers cette femme humiliée et déchue.

Et c’était ce même instinct qui l’avait guidée jusqu’ici, et ce fut lui, les jours suivants, qui la fit plus attentive encore et plus affectueuse, malgré certains sentiments de gêne qu’elle éprouvait auprès de Mme de la Vaudraye.

Son grand plaisir était de dérider ces traits maussades à l’instant où ils étaient le plus tendus, et elle s’y employait par des espiègleries et des sentillesses.

« Allons, un petit effort, et nous allons rire… Ah ! vous avez ri. »

Mme de la Vaudraye était touchée de cette grâce. Elle en négligeait de se conformer au plan de conduite artificieux qu’elle avait choisi pour capter la jeune fille, oubliant de dissimuler ses défauts, se montrant même naturelle et spontanée.

Une fois, elle l’attira vivement contre elle, après un mot de Gilberte.

« Oh ! ma petite, quel trésor ce serait qu’une femme comme vous ! »

Gilberte sourit.

« Bah ! qui sait si vous voudriez de moi pour votre fille ! nous le verrons bientôt d’ailleurs… peut-être demain…

— Demain ?

— Mais oui, n’est-ce pas aujourd’hui que Guillaume va venir au rendez-vous où je l’attends tous les jours ?